Comportement abstrait

Il n'était rentré que le soir... Avant de rejoindre son bar, il était passé par la cabane d'Eléa, puis par l'atelier de Sponge.

En traversant la rue d'un pas fatigué, il avait aperçu Anthigel qui le regardait à travers la fenètre de son habitation. Il avait à peine tourné les yeux, peine relevé la main pour lui faire un geste.

Une fois chez lui, il avait quitté ses habits noirs de houille, nettoyé la suie qui papillonait son visage, et avait pris un repos bien mérité, seul dans son petit lit. Au dehors, l'atelier était resté allumé longtemps, très longtemps.

Lorsque le soleil matinal le réveilla de sa nuit agitée, il se leva, anxieux. Il passa une chemise et un pantalon propre, noua une cravate noire, puis s'installa à son bureau pour griffoner quelques mots sur un bout de papier.

Il descenda ensuite les escaliers doucement, et sortit. L'air était doux, marin, suave. Dans le ciel, quelques mouettes du cru élaboraient de complexes acrobaties. Il se dirigea vers le cabanon d'Anthigel. Une fois sur place, il monta doucement les marches pour ne pas la réveiller, et glissa sur le seuil de la porte la lettre précédemment écrite.

"Mademoiselle,

Il est vrai que depuis quelque temps je dois vous paraitre étrange. Il y a une raison à tout cela. Je ne peux vous l'expliquer ici, par écrit.

Aussi, j'aurais besoin de vous parler.

Mais avant, il faudrait que vous vous rendiez au panneau de bois qui se trouve devant la communauté, le vieux panneau où sont dictés le réglement et autre prose. Il y a une inscription dessus très importante pour moi. Allez la voir avant de me retrouver.

Je vous attends,

Athanadoc"


Sur ce, il prit machinalement son couteau, et quitta la communauté en direction du vieux panneau.



Puis, il alla s'assoire sur le sable de leur plage, la pipe aux lèvres, attendant son destin avec impatience et nervosité, palpant obsessionnellement la poche droite de son pantalon en toile...

Anthigel commençait à fumer par les oreilles. Non seulement, il fallait tout préparer parce qu’on risquait de partir à tout moment mais en plus voilà qu’Athanadoc se comportait bizarrement. Au lieu de l’aider et de s’occuper d’elle, il passait son temps avec Sponge ou à la mine. Décidément les hommes se comportent tous comme moins que rien quand ils ont eut ce qu’ils voulaient. Sa pauvre mère avait bien raison quand elle lui disait de se méfier d’eux.

Enfin la fatigue eut raison de son énervement et elle s’allongea nue et seule dans son hamac. En fait le sommeil vint plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru, le travail de cette journée interminable l’avait plus épuisé qu’elle n’aurait cru.

Ce matin, un bruit étrange la réveilla plus tôt que prévu. Machinalement, la jeune femme baissa les yeux et aperçu un papier sous la porte. Quel incongru avait bien put glisser ça ici sans frapper ni rien dire ? Et en plus celui qu’elle espérait n’était pas venu la rejoindre cette nuit comme elle l’espérait secrètement, décidément la journée commençait mal…

Anthigel sauta au sol, ramassa le message et le parcourut.

« Ah ça c’est trop fort ! » S’exclama t elle avec énervement. Elle froissa le papier le jeta dans la cheminée et s’habilla à toute vitesse. « Ah Mooonsieur fait des messages maintenant ! Mooonsieur m’évite tant qu’il peut ! Mais qu’est ce qu’il croit cet animal ! Mooonsieur ne peut pas venir me parler en face ! Non mais je t’en foutais moi des panneaux !!! »

Visiblement, l’humeur d’Anthigel ne s’était pas améliorer lorsqu’elle claqua la porte de son cabanon et que le portrait sur le mur tomba à terre. Elle avait repris son costume de baroudeuse et son épée brillait à son coté. Ses yeux étincelaient d’un regard froid et dur, alors qu’elle se dirigea à grand pas vers l’entrée de la communauté. Même les corbeaux habituellement si audacieux s’envolèrent à sa venue, comme s’ils avaient sentit l’orage arriver.

La jeune femme arriva devant le panneau et parcouru les différents messages.

« Comme si je ne savais pas ce qu’il y avait sur ce …. Ahhh ! Ohhh ! » S’exclama t’elle en portant sa main à sa bouche, visiblement stupéfaite. « Mais il est fou ! »

Anthigel regarda à droite et à gauche pour voir si quelqu’un avait déjà put lire ce qu’Athanadoc avait gravé. L’idée lui vit de couper le panneau pour garder pour elle ce qui y était gravé mais l’épaisseur du bois la retint. Elle faillit aller chercher une scie, mais préféra relire le message pour être sure qu’elle ne rêvait pas. Anthi passa les doigts sur le bois à l’endroit de la gravure, comme pour s’imprégner de la réalité de ce qu’elle lisait. Elle tomba à genoux, submergée par l’émotion, les mains sur sa bouche comme pour arrêter un cri, les yeux sur ces mots qui la ravageaient. Ses épaules se mirent à tressauter, alors que de ses paupières s’écoulaient un torrent de larmes. Elle avait l’impression que le monde venait de s’arrêter et qu’elle ne savait plus où elle se trouvait.


Après un moment qui lui parut une éternité, elle trouva la force de se lever et partit en courant.

Anthigel courrut comme une folle vers l'endroit où elle était sure de trouver celui qu'elle cherchait. Arrivée à la plage, elle se jeta directement à son cou, les projetant tous les deux sur le sable.

"T'es complètement fou..." Articula-t-elle avant d'embrasser Athanadoc à pleine bouche...

Voilà déjà pas mal de temps qu'Athanadoc attendait seul sur la plage, couché lassivement dans le sable, la cratte défaite et la chemise froissée. Pire que tout, son sac à tabac commençait à devenir radin (chose insupportable au demeurant...).

Et il était de plus en plus fébrile. L'attente a ses bons cotés, mais elle laisse la place à beaucoup de doutes. Doutes qui commençaient à ravager son esprit d'habitude tant cartésien. Et si c'était trop tôt ? Et si il s'était trompé ? Et si il était en train de la forcer sans le vouloir ?

Au-dessus de lui, les mouettes voltigeait en poussant leur plaintes criardes, ce qui avait pour effet de le tendre encore davantage.

Soudain, il entendit une personne arriver rapidement. Il se leva, et regarda au loin. C'était Elle, visiblement bouleversée.

Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que celle-ci se jeta à son cou, les précipitant tout deux dans le sable chaud estivale. Elle l'embrassa fougueusement, dans une étreinte farouche et instinctive. Lui la serrait contre tout son être avec une force douce, comme s'il devait la perdre d'un instant à l'autre.

Cet instant passé, elle releva la tête, lui laissant entrevoir des yeux humides et un sourire pincé. Il la regarda avec tendresse...

"Complètement fou ?.... Totalement, mais c'est de votre faute..."

Alors qu'ils se relevaient, il l'embrassa une nouvelle fois, puis s'écarta en arrière. Posant le genou à terre, il sortit de sa poche une petite boite de bois sombre, qu'il ouvrit devant elle, découvrant de ce fait un fin anneau chromé surmonté d'un petit cristal de carbone.

Il la regarda alors, ému :

"Alors, c'est Oui ?"

Anthi sentait son cœur battre la chamade, ou bien, elle rêvait et ne voulait plus jamais se réveiller ou bien ce qu’elle espérait était en train de se réaliser.

Atha se tenait à genoux devant elle et lui tendait un anneau avec une superbe pierre…

« C’est pour moi ? » Réussit elle à acticuler avec émotion en prenant la jolie bague dans sa main.

« Elle est magnifique ! » La jeune femme réalisa alors pourquoi son homme passait tant de temps dans la mine avec Sponge, il devait chercher la pierre, cette superbe pierre.
« C’est trop beau ! » Anthi se rejeta au cou de son homme et ils roulèrent tout les deux en bas de la petite dune dans les bras l’un de l’autre. La jeune femme pleurait de joie et d’émotion, tellement perturbée par ce cadeau si inattendu qu’elle en avait oublié de répondre à la question.

Couché sur lui, elle se sentait tellement bien… Elle regarda une nouvelle fois la superbe bague dans sa main.« Vous êtes complètement fou, vous alors ! C’est trop pour moi ! » murmura elle en l’embrassant.

"Trop pour vous, trop pour vous... Si cela vous gène tant, je vous la reprends " lui dit-il avec une voix malicieuse, pour la taquiner un petit peu.

Puis, plongeant son regard dans le sien, il essuya de ses doigts de frêles petites larmes qui coulaient le long des pommettes de la jeune femme.
Elle semblait heureuse, et lui l'était tout autant.

Toujours allongé sur le sol, le dos contre le sable, il la serra dans ses bras et roula sur le coté, de manière à se libérer de sa si tendre immobilisation.

Doucement, il fit courir ses doigts de long du bras d'Anthigel, puis, d'un geste tendre, récupéra l'anneau logé dans sa main. Il le coinça alors entre son pouce et son index, et l'approcha de l'annulaire de la demoiselle.

"Vous pouvez encore refuser, hein... Sinon, après, vous serez obligée de supporter ma vieille carcasse tabagique pendant un long moment, mon amour..."

Comprenant que son homme la taquinait, Anthi sourit à travers ses larmes. Mais lorsqu’il marqua un temps d’arrêt alors qu’il allait passer l’anneau tant chargé de symboles à son doigt, elle ne put s’empêcher de le taquiner à son tour.

« Oui remarquez ! C’est une bonne question ça ! Vous croyez que je vais pouvoir vous supporter avec un caractère si bougon ? Et vous sous pensez que vous allez pouvoir supporter mon mauvais caractère ? Remarquez, il suffira que je vous rende votre anneau non ? »

Devant l’air surpris, de l’homme figé qui commençait à rougir comme une tomate, Anthi éclata de rire et embrassa Athanadoc avant qu’il ne se remette à gamberger. En même temps, la jeune femme avait avancé doucement son doigt au devant de l’anneau si précieux.^^