une vieille tombe oubliée

Il était un peu en retard ; l’équipage avait déjà pénétré dans la cité fortifiée de Nouvelle Dombass.
Prétextant un quelconque travail à finaliser sur le drakkar, il avait laissé ses compagnons aller devant et s’était volontairement éclipsé à l’écart des murs ;
Il déambulait à présent au pied des remparts dombassiens, semblant perdu dans ses pensées. des gens le hélaient, l'appelaient, se moquaient.
Le viking ne prenait meme pas la peine de hausser les épaules, la voix ou les sourcils: il cherchait une tombe, un quelconque vestige, une trace,
un monument, un tas de pierres, une croix ?
(c'était le signe des chrétiens pour signaler et honorer leurs morts).

Il marcha plusieurs heures et le jour déclinait déjà; encore du haut des remparts, on le tançait:
"Quel diable d'homme etes-vous donc? rentrez vite avant que les portes de Dombass se referment!
Nous sommes en guerre, pardi, que faites vious encore dehors à c't' heure?!"
Enfin, son regard accrocha une sorte de monticule, à l'extreme est de la ville, du coté du Levant.
Erik le Rouge s'approcha, et il sentit les battements de son coeur s'accélérer.
Une vieille croix assez rudimentaire et à moitié cassée surplombait l'excroissance que formait terre et cailloux mélangés.
Il se pencha et tressaillit lorsqu'il déchiffra le nom presque effacé qui y figurait: Anthinéa...
Par tous les Dieux du Valhalla, jura-t-il.
Le toubib lui en avait tant parlé de son amour perdu, de cette femme adulée et adorée, morte à présent mais non oubliée, au contraire.
Un etre humain et bon avait daigné lui offrir une modeste sépulture;
La dame du Nord reposait donc bien ici, en cette terre encore déchirée par le Mal et le Chaos.
Le viking répara la sainte croix et extirpa un morceau de charbon de sa poche; puis avec le briquet qu'Athanadoc lui avait offert, il noircit le bois déja usé par le temps et remarqua correctement le nom de la dame en lettres gothiques et capitales.

Tout près, des fleurs sauvages poussaient ici et là. Elles ressemblaient à des ajoncs jaunes à l’odeur soutenue… Erik en cueillit un joli bouquet
et s’en retourna les déposer sur la tombe de la Dame du Nord. Il pria Odin pour que la personne enterrée ici puisse enfin reposer véritablement en paix.
Du haut des remparts, un gamin se mit à hurler :
« Ohé , ohé, le Viking, alors, que fais –tu ? Tout le monde se languit de toi ici !
dépeche toi, les portes vont se refermer! »
Erik le Rouge toisa le chenapan, et son regard froid suffit à calmer l’exubérance du jeune garçon. Il arrangea au mieux qu’il put les jolies fleurs jaunes au parfum enivrant et songea au toubib.
Je suis sur qu’il aurait choisi les mêmes…. Elles sont odorantes et chatoyantes et dignes de représenter un amour éternel.